Maroc : La gauche introuvable ? - Par Mustapha SEHIMI
Quel avenir pour la gauche au Maroc ? Tel était le thème de la rencontre organisée à Casablanca le 23 vendredi décembre au Centre Links présidé par Mohamed Berrada, professeur à l'Université Hassan II. Le panel invité était formé de Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS, Brahim Rachidi, membre du bureau politique de l'USFP et ancien vice-président de la Chambre des représentants, Nabila Mounib, secrétaire générale du PSU et parlementaire et Ali Bouabid, délégué général de la Fondation Abderrahim Bouabid.
Segmentations
Cette problématique commande naturellement à faire l'état des lieux. Pas de quoi plastronner : tant s'en faut. D'abord la division historique de la mouvance dite de gauche depuis l'indépendance (UNFP/ PCM) puis durant les décennies suivantes jusqu'au tableau actuel. A côté de l'USFP créée en 1974 par suite d'une scission de l'UNFP, le segment socialiste a enregistré de multiples segmentations - un processus de scissiparité pour reprendre le vocabulaire de la biologie.
Cela a donné quoi ? Le FFD (issu du PPS qui a succédé au PLS, nouvelle dénomination du PCM) ; l'OADP, puis le PSD, le PADS, le PSU, etc... Des structures partisanes se réclamant toutes, à un titre ou à un autre du mouvement progressiste mais qui peinent toujours à adopter une position unitaire.
Cela tient à plusieurs facteurs liés entre eux d'ailleurs. Le premier a trait à un clivage institutionnel : celui de la gauche gouvernementale - Nabila Mounib a parlé de " gauche makhzénienne "... - avec l'USFP et le PPS - et d'une autre gauche qui n'a pas participé, elle, à différents cabinets lors des deux décennies écoulées. Un autre paramètre regarde ce qu'il faut bien appeler le subjectivisme fortement mâtiné souvent d'un égo surdimensionné.
Il est connu que longtemps, l'USFP considérait que l'unité ne pouvait se faire que sur la base de son statut hégémonique - une approche qu'elle a pratiquée d’ailleurs en phagocytant en 2007 le PSD. Aujourd'hui, cette formation socialiste dirigée par Driss Lachgar, premier secrétaire depuis dix ans, a beaucoup perdu de son influence ; et elle est pratiquement marginale, rejetée de mauvaise grâce dans l'opposition dans le cabinet Akhannouch investi en octobre 2021…
Sur ces bases-là, comment revitaliser la gauche ? Dans l'opposition, 1'USFP et le PPS - qui ont deux groupes parlementaires, respectivement 37 et 23 députés dans la Chambre des représentants - ne font pas montre de beaucoup de coordination. De plus, le fonctionnement de leurs instances organiques se décline différemment, le PPS s'employant à maintenir une mobilisation et même un "activisme" interpellatif alors que l'USFP paraît se borner à "gérer" les conjonctures sans arriver à occuper pleinement le créneau de l'opposition, une manière de ne pas couper tous les ponts avec le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
Du socialisme... à la social- démocratie
Cela dit, la gauche a-t-elle malgré tout un avenir ? Sur le papier, c'est souhaitable : elle est censée être historiquement une force de mouvement et de progrès. Il faut lui rendre cette justice historique : ce sont ses engagements, ses ferveurs et ses mobilisations - avec un coût politique et répressif difficilement évacuable - qui ont porté le corpus de la démocratie, des droits et des libertés.
Lire la suite
Abonnez-vous à notre chaîne sur YouTube : https://bit.ly/2UDicWw
En DIRECT - Suivez L'ODJ TV ici : https://bit.ly/3mrgSBE
Notre Web Radio en streaming : https://bit.ly/3gIR2FN
Notre site : https://www.lodj.tv/
Rejoignez nous sur Facebook : https://www.facebook.com/LODJMAROC
Suivez nous sur Twitter : https://twitter.com/lodjma
Groupe de presse Arrissala Maroc : https://arrissala.ma/
|
|
|
|
|