Un après-midi à Sidi Moumen… - Par Rachid BOUFOUS
Chaîne : Vodcasts
C’est avec une émotion non feinte que j’ai retrouvé le quartier de Sidi Moumen, 19 ans après ce funeste jour du Vendredi 16 mai 2003, quand je m’étais juré de ne plus remettre les pieds dans ce coin de Casablanca, car les autorités refusaient sans raisons de construire un centre multiculturel à destination des jeunes du quartier et dont j’étais l’architecte pour le compte de la société d’état Attacharouk. Je m’étais dit qu’après les attentats qui ont ensanglanté Casablanca et perpétrés par des jeunes de Sidi Moumen, c’était à d’autres intervenants de prendre le relais, le travail des architectes et des urbanistes ne pouvait plus répondre à la détresse et la misère sociale des populations des bidonvilles. Il fallait d’autres types d’interventions et du moment que nous n’étions pas écoutés, en tant qu’architectes, cela ne servait à rien de continuer…
Aujourd’hui, dix neuf ans après, j’ai été invité par le centre culturel « Les Etoiles » à Sidi Moumen. Un endroit magnifique, plein de jeunes et qui respire la fraîcheur et la spontanéité. Un mur plein d’étoiles, artistes qui ont démarré dans le centre, créé par l’artiste Mahi Binebine et le cinéaste Nabil Ayouche, quelques années après 2003, comme une réponse à l’obscurantisme qui avait happé une partie de la jeunesse du quartier…
Une réponse lumineuse et adéquate quand on voit le résultat aujourd’hui de cet accompagnement de la jeunesse. Le centre est construit sur trois niveaux, avec pleins de salles où on apprend, la musique, le théâtre, la peinture et où on vient écouter des écrivains.
Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde. La petite salle de musique était pleine à craquer. Beaucoup de jeunes du centre et d’ailleurs, sont venus écouter l’extraterrestre que je suis. C’est grâce à mon ami et homme de théâtre, Smail Falahi, qui a démarré ici, que j’ai été invité au centre de Sidi Moumen.
Amina Outmouhine qui a modéré la rencontre, est professeur de français dans un collège du quartier. Je lui ai dit, que pour mettre tout le monde à l’aise et pour que mon propos soit compris, je m’adresserais à l’assistance en langue marocaine : un mélange subtil de Darija et de Français. L’objectif étant, que le dialogue puisse être fructueux et utile, cassant au passage les barrières de la langue, tant je sais que la jeunesse actuelle ne maîtrise pas, dans sa majorité la langue de Molière, l’arabisation à outrance de l’enseignement étant passée par là…
Je remarquerais plus tard que j’ai eu raison d’opter pour cette langue marocaine de communication, les jeunes ayant pris la parole avec enthousiasme pour poser des questions intéressées sur l’histoire du Maroc et de Tanger, objet de mon roman.
Le jeune Taha voulait savoir quand et comment s’est construit l’hymne national que nous connaissons. Une jeune journaliste me demandait de lui parler de l’urbanisme de Casablanca et de son histoire. Une ingénieure en génie civile, qui enseignait la musique au centre, me demandait comment j’arrivais à concilier mon métier d’architecte et cette passion que j’ai pour l’écriture. Un autre jeune voulait que je parle de l’histoire qu’on nous enseigne et celle qu’on lit dans les livres. Pour ne pas oublier, ce jeune, qui venait pour la première fois au centre et qui fut ravi de voir autant d’activités culturelles et me demander pourquoi je n’avais pas écrit mon roman en arabe, vu que je maîtrise cette langue et que cela aurait eu un impact beaucoup plus important sur la jeunesse.
J’ai raconté mon parcours professionnel à Sidi Moumen, les valeurs pour lesquelles je me bats, pour contribuer à faire prendre conscience à mes lecteurs et au public, la grandeur de notre civilisation marocaine, car c’est notre identité que nous devons transmettre aux générations futures, et que l’histoire, grande ou petite, fait partie de cette transmission.
Abonnez-vous à notre chaîne sur YouTube : https://bit.ly/2UDicWw
En DIRECT - Suivez L'ODJ TV ici : https://bit.ly/3mrgSBE
Notre Web Radio en streaming : https://bit.ly/3gIR2FN
Notre site : https://www.lodj.tv/
Rejoignez nous sur Facebook : https://www.facebook.com/LODJMAROC
Suivez nous sur Twitter : https://twitter.com/lodjma
Groupe de presse Arrissala Maroc : https://arrissala.ma/
|
|
|
|
|
2022 - L'ODJ Média Groupe Arrissala